Il faut de temps à autre me faire souvenir des gens avec qui je suis brouillé, sans quoi je ferais des gaffes -et je les saluerais.
Toutes réflexions faites - Sacha Guitry
Qui n'a pas vécu ces moments "aïe" ou "oups", soit que l'on commet , soit que l'on subit ? La bourde, la gaffe, le faux-pas : autant de déconvenues qui arrivent assez souvent: le trou de mémoire sur le nom d'une personne, les félicitations pour une grossesse confondue avec un embonpoint, le SMS malveillant adressé à la mauvaise personne....
Que faites-vous en général après une gaffe ? Moi, longtemps je m'en suis voulue, longtemps je me suis couchée en repensant encore à l'événement, en me refaisant le film, en me couvrant de honte, de culpabilité et de contrition.
Mais un jour, je me suis dit qu'il fallait que ça cesse. Pas les bourdes ou les gaffes, qui sont peut-être des formes d'expression de l'inconscient, mais arrêter de me morfondre et à me flageller à cause de cela. J'ai pris conscience que je pouvais apprendre à être plus intelligente que ça. Une intelligence qui ne m'évitera pas de commettre un autre impair, mais simplement de l'assumer.
Et si cette intelligence me permettait aussi de ne pas sortir les crocs face à une bévue subie, aussi irritante et désagréable soit-elle, ce serait une double victoire.
Aujourd’hui, certains compliments faits par des hommes sur l'apparence physique d'une femme sont vécus comme une offense, voire comme une remarque sexiste. Or savoir différencier un compliment d'une insulte, et l'accepter avec joie, ça doit bien s'apprendre, non ? .
Voici trois situations courantes sur lesquelles vous pouvez faire preuve d'intelligence inclusive, cette intelligence de la relation qui inclut l'autre et assume le vivant de la relation.
Si une personne a oublié votre nom ? Soyez classe, réjouissez-vous de ne pas avoir oublié le sien, et rappelez-le lui gentiment en le en saluant ou prononcez-le à la personne à qui vous êtes présenté.
2. Vous blessez ou offensez quelqu'un
"Tu n'aurais pas recyclé le costume de ton oncle Gérard par hasard ?" "Oh toi, vu ton goût pour les jeans moulants, je suis sûre que tu t'y connais en analyse de courbes !" "Oh la la cette odeur, t'as investi dans le parfum Alain Delon ou quoi ?". Combien de fois ne nous sommes-nous pas crus drôles, gentiment acerbes, spirituellement ironiques dans nos remarques, et ce faisant, n'avons-nous pas blessé quelqu'un ?
Si vous êtes la personne blessée ou offensée ? Pardonnez, acceptez les excuses. Le pardon n'a pas besoin d'être adossé à des confessions religieuses. Acceptez au moins que l'irrationnel et la bêtise sont parfois le vivant de la relation en action, que cela vous arrive aussi de blesser ou d'offenser. "Merci pour tes excuses, on oublie et on passe à autre chose".
3. Vous dites quelque chose de stupide
S'il est vrai qu'il n'y a pas de question stupide, peut-on en dire autant des réponses ? Une étourderie ou une réponse stupide peuvent provenir de notre cerveau en sur-adaptation, ou en mode instinctif, qui nous fait énoncer quelque chose plutôt que rien, afin de compenser le vide. Ces propos stupides accidentels prennent parfois la forme de lapsus, erreurs de langage non intentionnels, plus ou moins révélateurs pour ceux qui affectionnent la psychanalyse. Ils peuvent être drôles, embarrassants, bêtes. Mais là encore, il s'agit des propos, pas de vous. La meilleure manière de s'en sortir est de relever l'erreur, émettre une plaisanterie à son propos, rire de soi-même, ou corriger.
Lorsque vous entendez un lapsus, l'élégance dans cette situation est de ne pas vous prendre pour Freud ou Einstein, et s'il vous paraît important de le relever l'erreur; accordez à votre interlocuteur la possibilité de la corriger
Bien entendu, ces exemples concernent des propos qui dépassent la pensée, la font trébucher, ou la "disruptent" ; cela ne nous évite pas les esprits ou les propos intentionnellement méchants, dévalorisants, ou méprisants. Face à ceux-là, d'autres attitudes s'imposent.
Simplement, dans le brouhaha des relations actuelles, faites de revendications, d'incriminations, et de justifications, il m'a paru intéressant de pouvoir faire la différence entre les deux, de porter un doux regard sur ces bourdes, gaffes et autres faux-pas, autant d'éléments qui font aussi la beauté de la relation, son vivant et sa spontanéité. Ces ratés de la relation sont comme des précipités, points d'achoppements sur lesquels la relation "repause" : ils ponctuent le rythme des découvertes mutuelles.